La Tribune, 9/11/99 - Le Lipitor®, principal enjeu de la bataille autour de Warner-Lambert
Warner-Lambert envisage de revoir son accord de co-marketing du Lipitor® (hypocholestérolémiant) avec Pfizer. Ce médicament, dont les ventes pourraient dépasser à terme, 5 milliards de dollars (4,75 milliards d'euros) par an, est considéré comme l'un des principaux motifs de la contre-attaque de Pfizer sur Warner-Lambert (82,4 milliards de dollars soit 78,3 milliards d'euros sur la base du cours du 3/11/99) après l'annonce de ses fiançailles avec AHP pour 71 milliards de dollars (67,5 milliards d'euros), le 4 novembre. Initialement conclu en 1996, l'accord commercial qui lie Warner-Lambert à Pfizer pour le Lipitor® a été prolongé il y a cinq ans pour une durée de dix ans. Aux termes de la lettre d'intention, les deux partenaires prévoient d'étudier en commun des extensions d'indications, des combinaisons avec d'autres médicaments pour le traitement des maladies cardiovasculaires (première cause de décès aux Etats-Unis) comme l'antihypertenseur Norvasc® de Pfizer, voire d'aborder d'autres maladies telles que la migraine avec la promotion du Relpax®, une molécule de Pfizer. On ne sait pas à quel moment les partenaires pourraient interrompre leur comarketing s'ils ne mettent pas au point le traitement combiné avec le Norvasc®. La remise en question de ce projet pourrait nuire au potentiel de ventes du produit combiné que certains analystes voient atteindre, et même dépasser, 10 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) pour devenir le médicament le plus vendu au monde. En effet, depuis son lancement en février 1997 aux Etats-Unis, le Lipitor® a dépassé toutes les prévisions des analystes et conquis, en moins d'un an, la première place sur le marché des Statines (classe de médicaments hypocholestérolémiant). Le Lipitor® représente aujourd'hui près de la moitié (48%) des nouvelles ordonnances de Statines aux Etats-Unis. Ses ventes devraient, selon Warner-Lambert, atteindre 3,6 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) cette année. Pfizer a joué un rôle clé dans ce succès sans précédent pour le lancement d'un nouveau médicament aux Etats-Unis en raison de la réputation qu'il avait établie auprès des cardiologues avec le Norvasc® le plus prescrit des anti-hypertenseurs (3,6 milliards de dollars de vente annuelle).
La Tribune, 10/11/99 - Le suisse Novartis mènerait des discussions avec l'américain Monsanto
Monsanto fait à nouveau l'objet de rumeurs de rapprochement avec un partenaire dans les sillage de la bataille entre Pfizer et American Home Products pour le contrôle du 9ème laboratoire pharmaceutique américain Warner-Lambert. En mars, la presse américaine mariait Monsanto avec son compatriote DuPont. Aujourd'hui, elle évoque des négociations avec le géant helvétique Novartis sur une partie ou l'ensemble de ses activités. Cette alliance poserait des problèmes vis à vis de la loi antitrust, car à eux deux ils détiendrait 25% du marché mondial de l'agrochimie. En revanche, la filiale pharmaceutique de Monsanto, Searle (2,7 milliards de dollars de chiffre d'affaires) qui a lancé cette année un antalgique très prometteur, pourrait intéresser Novartis, soucieux de conforter ses positions sur le premier marché mondial dans un domaine thérapeutique en pleine croissance. En octobre Celebrex® (Celecoxib), qui appartient à une nouvelle génération d'antalgiques utilisés pour l'arthrite, a passé le cap du milliards de dollars de vente en dépit de la récente introduction d'un produit concurrent des laboratoires Merck (Vioxx® - Rofecoxib). Monsanto n'a cependant pas intérêt à s'en défaire, même s'il n'occupe que le 25ème rang mondial dans ce domaine. Novartis aurait sans doute plus de facilités avec AHP, avec lequel il a déjà eu des contacts, si l'américain échoue dans son offre pour Warner-Lambert. Quant à Monsanto, il a déjà pris contact avec ses compatriotes Schering-Plough et Pfizer. Depuis l'échec de sa tentative de rapprochement avec AHP en 1998, Monsanto a rencontré une série de déboires, dont sa mauvaise performance boursière se fait l'écho. Le titre a baissé de 12% entre le 4 janvier et le 3 novembre 1999, avant de se redresser partiellement dans le sillage de l'annonce du projet AmericanWarner.
La Tribune, 12/11/99 - Pfizer envisage de modifier son offre d'achat de Warner-Lambert
Pfizer poursuit sa cour auprès de Warner-Lambert, le neuvième laboratoire pharmaceutique américain. Près d'une semaine après avoir surenchéri sur l'offre amicale de American Home Products (AHP), le fabriquant du Viagra® (Sildénafil) indique qu'il pourrait retirer les conditions qu'il avait mises à son offre hostile de 82,4 milliards de dollars (sur la base du cours du 3 novembre), pour la rendre plus crédible auprès des marchés financiers. Le groupe new-yorkais a engagé, la semaine dernière une procédure en justice pour obtenir l'annulation d'une mesure rendant une OPA par un tiers plus difficile, à savoir une pénalité de 2 milliards de dollars à payer en cas d'échec du mariage d'AHP et Warner-Lambert et des stock-options prévues entre les 2 groupes. Pfizer devrait indiquer dans les prochains jour s'il lance une offre formelle sur le capital de Warner-Lambert.
La Tribune, 12/11/99 - Fusion des sociétés britanniques de biotechnologies Celltech et Medeva
Deux des principales sociétés de biotechnologies, Celltech et Medeva, ont annoncé leur fusion via une offre d'achat de Celltech sur Medeva, valorisant celle-ci à 877,76 millions d'euros (563 millions de livres). Celltech avait déjà absorbé Chiroscience en juin pour 516,05 millions d'euros. Les actionnaires de Celltech Chiroscience détiendront 56% du capital du nouveau groupe et ceux de Medeva 44%. Le nouveau groupe, qui sera rebaptisé Celltech, aura une capitalisation au cours de mercredi (10/11/99) de 2 milliards d'euros (1,3 milliards de livres). La fusion devrait être effective en janvier. Elle sera suivie d'un réexamen complet des activités existantes dans le but de dégager des économies, ce qui pourrait conduire à des cessions d'actifs non centraux. Celltech a simultanément annoncé ses résultats pour les 12 mois achevés le 30 septembre, qui font apparaître une perte nette de 48,8 millions d'euros (31,3 millions de livres), en raison des coûts de la fusion avec Chiroscience.
La Tribune, 15/11/99 - Pfizer revient à la charge auprès de Warner-Lambert
Le PDG de Pfizer, William Steere, n'en démord pas, il a adressé à Warner-Lambert une lettre dans laquelle il lui demande d'ouvrir des négociations, répétant que son offre est plus intéressante pour le groupe de pharmacie que l'accord de fusion en voie de réalisation avec American Home Products (AHP)… jusqu'à ce qu'il vienne perturber le jeu. Sur le montant de l'offre, la comparaison est simple puisque l'accord de fusion par échange d'action entre Warner-Lambert et AHP représente un montant total de 72 milliards de dollars, alors que l'offre de Pfizer atteint 82,4 milliards de dollars. Soucieux de mettre un maximum d'atout dans son jeu, Pfizer a aussi fait savoir qu'il envisageait de renoncer à certaines conditions posée dans le cadre de son offre. A l'évidence le PDG de Pfizer s'efforce d'exercer une pression maximale sur les dirigeants de Warner-Lambert. "Le fait que vous et votre conseil refusiez de donner à Pfizer une occasion de faire une offre supérieure à celle que vous négociez avec American Home Products est, et demeure, très troublent", s'insurge t'il, en ajoutant : "Nous sommes déterminés à conclure une fusion avec Warner-Lambert et nous continuons de penser que cela peut être fait dans un esprit de partenariat. A cette fin, nous sommes prêt à négocier une fusion dont la forme serait substantiellement la même que celle que vous avez conclue avec AHP". Pour faire une bonne mesure, il rappelle que les deux entreprises ont coopéré avec profit pour la commercialisation du Lipitor® (médicament hypocholestérolémiant), médicament vedette du portefeuille de Warner-Lambert. Selon Pfizer, les synergies d'un tel rapprochement seront supérieures à celles de la fusion Warner-AHP. Un rapprochement entre Pfizer et Warner-Lambert créerait un géant de la pharmacie mondiale, avec un chiffre d'affaires de 28 milliards de dollars, un peu supérieur à la combinaison d'AHP et de Warner-Lambert (26 milliards de dollars).
La Tribune, 26/11/99 - Pharmacia & Upjohn compte doubler son chiffre d'affaires pendant les 5 prochaines années
Pour la première fois depuis sa fusion en 1995, Pharmacia & Upjohn devrait annoncer cette année une croissance à 2 chiffres de son bénéfice net et de ses ventes. Deux ans après l'arrivée à sa tête de Fred Hassan, un ancien d'American Home Products, le groupe suédo-américain estime avoir retrouvé le chemin d'une "croissance régulière". Le mois dernier, il a annoncé pour le troisième trimestre une augmentation de 13% de son résultat net hors élément exceptionnels à 246 millions de dollars (239 millions d'euros) pour une croissance de 10% de son chiffres d'affaires à 1,8 milliards de dollars. Même s'il n'occupe que le 17ème rang mondial (1,8% du marché), le laboratoire pharmaceutique estime disposer des moyens pour vivre seul et assurer "une croissance moyenne de 7% de ses ventes et de 15% de son bénéfice par action" pour la période 1999-2000 selon Patrick Croissac, le nouveau président de la filiale française.
La Tribune, 26/11/99 - Air Liquide crée un fonds d'investissement
Le groupe français Air Liquide a annoncé hier la création d'un fonds d'investissement de 40 millions d'euros destiné à financer des start-up proposant, à partir de nouvelles technologies de l'information, des services pour le secteurs de l'industrie et de la santé. Baptisé Air Liquide Ventures, ce fonds prendra entre 5 et 30% de ces entreprises, en partenariat avec d'autres fonds "aux compétences complémentaires".
L'Express, 16/12/99 - Cyberdiagnostics à l'anglaise
La cybermédecine commence à faire son apparition en Grande-Bretagne. Le gouvernement vient d'inaugurer un site Internet du gigantesque système national de santé publique (NHS) censé aider les patients à diagnostiquer eux-mêmes les maux dont ils souffrent et à trouver le traitement idoine. Sur nhsdirect.nhs.uk, le cyberpatient promène la souris de son ordinateur sur un corps virtuel puis clique sur l'endroit où il a mal. Le logiciel informatique se charge du reste par un jeu de questions-réponses. Les 180 pathologies les plus courantes y sont répertoriées. Y compris la gueule de bois. A ceux qui ont abusé de l'alcool, le site recommande : "Couchez-vous et prenez du Paracétamol". Si le logiciel électronique détecte un problème grave, une icône rouge clignote en prévenant : "Appelez les urgences ! ". Les pouvoirs publics n'entendent pas s'arrêter là : d'ici à deux ans, ils prévoient des consultations directes en ligne avec des médecins. L'Etat compte bien ainsi, à peu de frais, désengorger les salles d'attente toujours bondées des médecins de famille fonctionnaire du NHS ou des hôptiaux, contraints de soigner leurs patients à la chaîne.