incubation : après une contamination
par contact avec les animaux herbivores atteints, l'incubation peut
durer de 1 à 3 jours.
pathogénicité l'homme peut
exprimer la maladie sous 3 formes :
la forme
pulmonaire est la plus susceptible
d'être recherchée à des
fins militaires ou terroristes. Elle est transmise
par la dissémination de spores de charbon
sous forme d'aérosol. Les spores ou les
amas de spores de Bacillus anthracis
aérolisées de taille supérieure
à 5 µm se déposent dans
les voies aériennes supérieures
où elles sont captées ou éliminées
par le système ciliaire. Celles de 2
à 5 µm peuvent pénétrer
dans les bronches et les alvéoles. Elles
sont alors phagocytées par les macrophages
et transportées jusqu'aux nodules lymphatiques
où, après la germination, une
grande quantité de toxine est produite.
L'incubation est marquée par l'apparition
de signes non spécifiques : fièvre,
céphalées, malaise, myalgies.
Une toux non productive, une gène thoracique
surviennent parfois. 2 ou 3 jours après,
apparaît la détresse respiratoire,
suivie rapidement d'un état de choc et
de la mort, 1 à 3 jours après.
Une fois la maladie déclarée,
la mortalité est de l'ordre de 75 à
100%, que le malade soit traité ou non.
la forme
cutanée est caractérisée
par l'apparition d'une papule qui se transforme
en vésicule après 28 à
48 heures, puis un ulcère nécrotique
centré par une escarre noire, accompagné
d'un oedème parfois massif. La
mortalité est inférieure à
1% avec un traitement adapté.
les formes digestives
et oro-pharyngées sont consécutives
à l'ingestion de viande infectée
insuffisamment cuite. Fièvre, nausées,
vomissements, douleurs abdominales, accompagnées
d'hématémèse [
vomissement de sang, quel
que soit le siège de l'hémorragie ]
et d'ascite [
accumulation
de liquide dans la cavité péritonéale,
dont la cause peut être une insuffisance
rénale ou cardiaque, ou une cirrhose
hépatique ]
caractérisent la première. Des
douleurs pharyngées importantes avec
parfois un ulcère amygdalien associé
à une fièvre et à un oedème
cervical signent la seconde. La
mortalité pour ces 2 formes est voisine
de 50%.
mode de contamination : pour
les 3 formes pas de contamination inter-humaine.
- forme pulmonaire
: par aérosols (inhalation de poussières
souillées de spores) ;
- forme cutanée : contact avec la peau, poils
ou os d'animaux (herbivores), des surfaces infectées
ou par piqûres d'insectes infectés
;
- forme digestive : ingestion de viande contaminée,
insuffisammnet cuite.
diagnostic : dés
le 2ème jour après l'exposition, il est possible
d'isoler la bactérie et la toxine au niveau sanguin.
L'hyperleucocytose marquée n'est pas spécifique
de la maladie. Différents prélèvements
sont possibles :
- au niveau
de la muqueuse nasale ;
- hémocultures ;
- liquide pleural, LCR, ganglions médiastinaux,
rate ;
- prélèvement-aspiration des lésions.
traitement : en l'absence d'antibiogramme
l'utilisation de la ciprofloxacine ou de doxycycline dès
les premiers signes d'infection est recommandée. Un
traitement symptomatique en cas de détresse respiratoire
ou circulatoire est nécessaire. La désinfection
soigneuse des instruments et des locaux à l'aide d'antiseptiques
sporicides est de mise.
<à
savoir/>
en 1970, l'OMS
estimait que 50 kg de spores de Bacillus
anthracis aérosolisées
et dispersées, dans de bonnes conditions
météorologiques, par un avion sur
2 km sur une ville de 500'000 habitants non protégés,
pourrait aller jusqu'à plus de 20 km du
lieu de dispersion et tuer 95'000 personnes...
sans parler de la capacité de survie des
spores sur la zone contaminée. Ainsi en
1941, les Anglais, au cours d'une expérimentation
limitée, avaient contaminé de la
terre et ont pu montré que des spores viables
persistaient encore en 1986 quand la terre fut
décontaminée.
prophylaxie : un vaccin contre le
charbon est disponible depuis 1970. La vaccination consiste
en 3 injections sous-cutanées à 2 semaines d'intervalle,
suivies de 3 autres injections à 6, 12 et 18 mois.
Le vaccin est utilisé pour la protection des personnes
exposées pour des raisons professionnelles : importation
de fourrures, vétérinaires, laborantins,...
Aux Etats-Unis, une grande campagne de vaccination des armées
a été entreprise depuis quelques années.
Cette politique vaccinale est actuellement stoppée
faute de vaccins. Au titre d'une protection individuelle,
une antibioprophylaxie à base de ciprofloxacine est
envisageable, permettant d'assurer une protection pendant
les jours qui suivent l'administration du vaccin, en cas de
menace biologique par Bacillus anthracis.
Il faut rappeler que c'est une bactérie Gram positive,
qui produit une toxine spécifique dont le mécanisme
d'action n'est pas complètement élucidé.
comment les bioterroristes
peuvent-ils utiliser le charbon ?
En théorie, les bioterroristes peuvent se procurer
des souches de 2 manières. Ils peuvent d'abord mettre
en culture un cadavre d'un animal infecté pour obtenir
des cultures bactérienne, puis des spores (formes de
résistance de la bactérie). Ou bien, ils pourraient
se procurer des souches du bacille du charbon, de façon
plus ou moins licite, dans un des très nombreux laboratoires
qui travaillent sur le charbon dans le monde.
En raison de leur taille microscopique et leur très
forte résistance, les spores de charbon peuvent ensuite
être mélangées à de la poudre et
envoyées dans des lettres, ce qui semble avoir été
le cas aux Etats-Unis.
Après la démonstration des attentas sur le World
Trade Center et le Pentagon, nul doute que l'imagination fertile
des terroristes pourra trouver d'autres moyens de s'en servir!