Médiatique,
intellectuelle, artistique, l'élite habite la capitale. Tous les
Parisiens le savent mais pas les autres évidemment. D'ailleurs,
les Parisiens sont toujours perplexes, lorsque vous leur parlez
de votre D.E.S.S. effectué en province. Ils ont déjà quelques difficultés
à imaginer que vous ayez pu aller à l'Université dans votre ville
("trou du cul du monde" comme disent si joliment les Parisiens),
alors un troisième cycle! De toute façon, c'est bien connu, "l'esprit
souffle à Paris" mais s'essouffle en province. Rappelons à nos
amis parisiens que certaines villes sont très dynamiques et que
de nombreux professeurs finissent leur carrière en province ( "
pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font " ). Alors provincial,
résiste!
F
comme
fantôme
L'esprit
du Parisien se ferme sur un pan de sa ville, qui n'est pas vraiment
la sienne. Beaucoup n'y sont qu'en transit, le temps de réussir
à partir. Le Parisien est un fantôme : personne n'est parisien.
Ce n'est sûrement pas un hasard, si Fantômas rôde plutôt vers Notre-Dame
que vers la Statue de la Liberté. Des scandales explosent pour cette
raison, prenons par exemple les faux électeurs de Jean Tibéri. Le
pauvre, il a bien été obligé d'inventer des électeurs pour être
élu maire de Paris. Le Parisien n'existant pas, il ne peut pas voter…
Alors provincial, résiste!
G
comme
grandiloquent
Le
parisien gagnerait sûrement en sympathie s'il retrouvait un
peu de simplicité. Mais non, il préfère se
façonner un genre et juger la personnalité des autres
sur leur aspect extérieur. Pourtant, il tente parfois de
retrouver son Eden de simplicité perdu . S'il met quelques
mots griffonés dans le métro il appelle cela de la
poésie, s'il construit un stade pour la coupe du monde on
obtient le stade de France, une bibliothèque plus grande
que les autres et La Très grande Bibliothèque naît.
Il organise même des concours pour arriver à un tel
dénuement. Alors provincial, résiste!
H
comme
habitudes
Le
Parisien est un "homo habitus", car il a peur d'être aspiré
par les abîmes de sa ville. Alors il se crée une vie de village
: il achète son paquet de gâteaux chez l'épicier du coin et ses
tomates rabougries à un pseudo-paysan. Il pense avoir noué des relations
privilégiées avec son épicier, lorsque pour la première fois il
arrive à articuler un bonjour, voire un merci. Mais l'élite aussi
a ses habitudes. Elle déjeune dans des cantines précises, qui deviennent
lieux de culte. Le Parisien est prêt à payer cher pour y aller,
car "c'est là que mange tout Canal, on verra peut-être Nagui!"
Alors provincial, résiste!
I
comme
instruction
Le
Parisien a des valeurs et sa mission consiste à les transmettre
à sa progéniture. Il apprend à celle-ci à se méfier des légumes
frais ("une vache a pu uriner dessus"), des voisins ("qu'est-ce-qu'
ils sont bruyants! On les entend marcher!"), et surtout des
provinciaux. Le petit Parisien a besoin d'explications, "mais
c'est où la province papa?" Alors papa parisien sort sa carte
de métro et dit : "les gentils sont dans la zone 1 et 2. Après,
jusqu'à la zone 6, ce sont des gens à qui tu ne dois pas parler
et enfin, en dehors de la carte, ce sont les gens sur qui tu dois
cracher". Le provincial se sachant détesté, éduque lui aussi
ses enfants avec le fameux "Parisien tête de chien, Parigot tête
de veau". Remercions les Parisiens de nous avoir obligé à nous
défendre. Alors provincial, résiste!