Le
Parisien est souvent un ex-provincial ressassant sans cesse ses
origines, racontant à qui veut (ndr : personne), ce qu'il a dû endurer
au cœur de l'horrible province, pour enfin accéder au statut de
Parisien. Mais le Parisien sent plus ou moins confusément qu'un
arrière-grand-père auvergnat lui donne un petit côté "exotique".
Lui, il connaît la province (enfin on lui a raconté et il a vu des
photos). Il sait que le petit provincial va à l'école à dos de vache
(à moins qu'il n'ait lu cela dans Alice aux pays des merveilles).
Bref, le Parisien s'y connaît : il sait où est la province, (réponse
: à Paris, car il n'y a que les Parisiens pour employer ce terme).
Alors provincial, résiste!
P
comme
pâté
Grâce
aux tendances parisiennes à revenir vers la simplicité et le terroir,
le provincial a tout intérêt à ouvrir un restaurant servant des
produits "authentiques". En fait, cela n'a rien de bien difficile
car le Parisien n'y connaît strictement rien. Il est fou de joie,
lorsqu'il demande une tranche de foie gras au restaurateur disant
venir du Sud-Ouest. Et c'est encore plus heureux, qu'il déguste
l'espèce de pâté qu'on lui a apporté, croyant de bonne foi, être
enfin un homme de la terre. Le Parisien se fait continuellement
escroqué, mais surtout il en est fier, car le Parisien croît s'y
connaître en pâté (heu non en foie gras). D'ailleurs le jour où
il mangera véritablement du foie gras, il dira : "il n'est pas
un petit peu gras ce pâté?". Alors provincial, résiste !
Q
comme
quartier
Le
Parisien croit qu'il suffit de diviser sa ville en arrondissements
pour que cela soit plus convivial "Tu comprends mon arrondissement
c'est comme un village!", sauf qu'il n'a la plupart du temps
jamais vu un vrai village (oui oui , avec des maisons et pas des
cages à lapins comme à Paris). Alors il a une notion plus que personnelle
de ce qu'est un quartier : à partir du moment où il parle à deux,
trois personnes, en comptant bien sûr sa famille, il se sent chez
lui. L'air y serait presque plus pur. "Dommage qu'on ne puisse
pas gare sa voiture dans cette rue piétonne!". Car le Parisien
est rempli de contradictions, qui ne lui permettent pas d'avoir
une véritable vie de quartier : il aime les autres, mais moins que
lui même. Alors provincial, résiste!
R
comme
rose
Pourquoi
avoir choisi ce mot à " r " me demanderez-vous, alors que j'aurais
très bien pu parler de rejet, rognure, rectum… Et bien non, car
le terme "rose" résume toute l'injustice faite au provincial
et à son accent si agaçant pour l'oreille si sensible du Parisien.
Pensez à l'aberration constante que commet le provincial en prononçant
"rose" avec un "o ouvert" alors que l'Académie française
(ndr : les Parisiens ) n'autorise qu'une prononciation en "o
fermé". Une amie provinciale m'a proposé cet argument à rétorquer
aux Parisiens puristes : en Ancien Français, il n'y avait pas de
"o fermé", de là à déduire que les Parisiens n'auraient pas
beaucoup lu… Alors provincial, résiste!
S
comme
salon
Le
Parisien est friand des Salons, qu'ils soient du chocolat, des formations
ou des carrières…, mais le plus prisé reste le Salon de l'agriculture.
Tout Parisien ayant un tant soit peu de curiosité intellectuelle,
rassemble toutes ses forces et ose toucher les vaches."Regarde,
regarde chérie, ils sont en train de traire la vache!". Le Parisien
connaît alors beaucoup d'émotions dans la même journée. Mais promis
juré, l'année prochaine il amènera les enfants voir enfin de près
un vrai pecnot, heu pardon, un paysan. Alors provincial, résiste!