Le
Parisien porte des jugements définitifs. Il aimerait façonner les
modes, mais n'est qu'un suiveur désespéré. Il se sent obligé de
brûler les idoles qu'il encensait quelques mois auparavant. Un organisateur
de soirées dites branchées (comprenez déguisées), peut vous expliquer
que le journal que vous lisez est "has been", qu'il ne le
lit plus depuis un an tellement c'est affligeant, mais citer dans
le détail les articles des trois mois précédents. Le Parisien sait
que sa gloire est courte et manque de confiance en lui. Il s'affirme
en aboyant très fort, comme un inoffensif caniche. Alors provincial,
résiste!
K
comme
klaxonner
Le
Parisien est pain béni pour Bison futé. Le "bouchon" est
ancré dans sa culture. Il a besoin du monde environnant pour exprimer
sa haine de façon individualiste. En quittant ses collègues de bureau,
il se crée une colère mouvante sur le périphérique. Entre deux feux
rouges, il reste très actif : il mate les cuisses de la blonde en
décapotable, insulte le taxi qui double à droite et hue la pucelle
qui vient de caler devant. Le Parisien vous insulte et vous klaxonne
: alors vous avez la preuve que c'est un gentil Parisien. Sinon,
il vous ignore. Alors provincial, résiste!
L
comme
lenteur
Le
Parisien sait qu'il y a un vice auquel il ne doit pas s'adonner
: prendre le temps de vivre. Alors il lutte, car il n'a pas envie
de finir provincial. De toute façon, il a conscience de son identité
parisienne seulement quand il court et bouscule les autres dans
le métro. D'ailleurs, il a du mal à s'imaginer poli, il se préfère
en "jeune cadre dynamique", ambitieux et pragmatique, bref
en requin. Le Parisien trouve le provincial fainéant et apathique,
comprenant enfin pourquoi il ne peut pas y avoir d'élite en province.
Alors il se dit qu'il a de la chance d'être né parisien ou plutôt
non, qu'il le mérite. Le "parce que je le vaux bien" de l'Oréal
a été inventé pour lui. Alors provincial, résiste!
M
comme
monter
Pour
réussir, tout provincial sait qu'il faut "monter" (pas coucher
non, mais monter), alors que curieusement, on "descend" en
province. La linguistique parisienne est impitoyable : d'où que
l'on vienne, on "monte" à Paris. Le trajet géographique s'affirme
en symbole de l'ascension sociale. On ne descend jamais à Paris,
même en finissant S.D.F… Si par malheur vos parents habitent en
Bretagne et que vous mentionnez qu'ils "descendent" pour
vous voir, giflez-vous et tendez immédiatement l'autre joue. Alors
provincial, résiste!
N
comme
névrosé
Le
parisien est grand consommateur d'antidépresseurs pour pouvoir affronter
la pression qu'il subit chaque jour. En effet, ses activités sont
multiples : il doit se lever, se laver et manger, et ceci tous les
jours. Il envie le provincial qui se lave dans l'étang et vit de
sa cueillette. Le Parisien lui, doit faire ses courses au supermarché
et là, il rencontre même des congénères. Heureusement, il n'est
pas obligé de les regarder et encore moins de leur parler. Il apprécie
seulement le pharmacien qui lui délivre ses comprimés pour dormir.
Car même pour dormir, le Parisien est un assisté. Alors provincial,
résiste!